Un
hôtel-Dieu depuis 1412
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Il y aura
bientôt
600 ans, Jean Jouanneaux et sa femme fondent une Maison-Dieu,
dans un immeuble qui leur appartient, à l'emplacement des services
actuels de la mairie.
En 1633, alors
que la peste
décime la population, les
malades sont
transférés au faubourg des
Moulins, dans une maison que la Ville vient d'acheter.
Devant les difficultés pour assurer le service des malades, il est fait
appel en 1669 aux religieuses
hospitalières de Saint-Joseph de la Flèche.
Après
avoir traversé douloureusement la période révolutionnaire, les sœurs de
Saint-Joseph quittent leur couvent et leur service en 1963 et quelques
années plus tard, l'hôpital quitte les bâtiments de l'hôtel-Dieu pour
des installations neuves construites à proximité.
Joseph Denais, alors qu'il
n'avait que 17
ans, fut autorisé à classer les archives des sœurs.
En 1872, à l'occasion du bicentenaire de la présence des
soeurs à Beaufort, il publie leur histoire [DEN], enrichie depuis.
Cette fiche s'appuie, en beaucoup d'endroits, sur les travaux de cet
auteur.
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La
fondation de la
maison-Dieu
L'autorisation du
comte Boucicault
Les difficultés de
gestion
La
gestion par les
Récollets
L'épidémie
de peste
de 1626-1633
Le testament de Jeanne Richard
Image 1
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La
fondation de la maison-Dieu
… pour
honneur et révérance de notre seigneur Jésus crist de la benoiste
vierge marie monsieur Sainct michel l'ange, monsieur Sainct Jean
Baptiste, monsieur Sainct Jean levangeliste, monsieur Sainct martin,
monsieur Sainct antoine et madame Saincte catherine, eux ayant pitié
et comppassion des pauvres mandiants en dévotion … donne et
octroye a toujours mais perpetuellement par heritage à la fondation
et dotation de l'aumosnerie ou maison dieu de beaufort et à ce qu'
en icelle les pauvres gens soient receuz et hébergez, les malades
allimentez et soutenuz jusque a ce qu'ils puissent aller mendier, et
ceux qui en la dicte aumosnerye trepasseront, ensevelliz et mis en
terre saincte bien et convenablement et à chacun trépassé faire
dire et célébrer a sa dicte sépulture, une messe, les pauvres
norisses relevée Les pauvres orphelins nouriz et alimentez en
la dicte aumosnerye et
maison dieu
les choses cy apres déclares et premierement l'hostel avec touttes
appartenans ainsy que la clouaison des murs le portent auquel est
present la dicte aumousnerye ou maison dieu size en la ville de
Beaufort ...
C'est ainsi
que Jean Jouanneaux et Jeanne, sa femme, fondent le 10 mai 1412 une
aumônerie ou maison-Dieu, dans l'hôtel qui leur appartient dans la
ville de Beaufort, entre la maison Gatineau d'une part, et la maison
Perrot Gringoire, d'autre part. Nous sommes alors à côté de
l'emplacement de l'actuel hôtel-de-ville.
Les
Jouanneaux
sollicitent l'autorisation du comte de Beaufort en le suppliant de se
considérer comme le vrai fondateur et qu'il lui plaise de les faire,
au dernier vivant, gouverneur et administrateur et qu'ils puissent
jouir des fruits, leur vie durant à leur volonté.
Le comte de
Beaufort est alors Jean Le Meingre dit Boucicaut devenu comte par
mariage avec Antoinette de Turenne, arrière petite fille de
Guillaume Roger, premier comte de
Beaufort.
Par lettres
patentes du 27 janvier 1413, le comte et la comtesse s'empressent
d'approuver la dite fondation attendant, par là même, que le service
divin soit
augmenté dans la ville. Ils abandonnent ce qui pouvait leur revenir
d'indemnités
au profit de l'hôpital, pourvu que les détenteurs des biens continuent
d'acquitter les cens, rentes et autres
droits seigneuriaux.
L'administration et le gouvernement de la
maison-Dieu sont confiés, leur vie durant à Jean Jouanneaux et sa
femme. Après la mort de ces derniers, le sénéchal, le procureur,
le receveur du comté et douze des plus notables et suffisants de la
ville seront appelés pour élire un nouvel administrateur.
Ils
le
choisiront parmi les hommes natifs de la ville et jouissant d'une
bonne réputation, vie et renommée.
L'administrateur sera tenu,
sous peine de destitution, de rendre bon, juste et loyal compte et
reliquat, chaque année, devant le collège qui l'a élu.
Jouanneaux
tient ses engagements. Il fait construire une chapelle pour l'hôpital
et les Beaufortais lui font confiance pour l'administration de la
maison et l'accueil des pauvres.
Après la mort des Jouanneaux,
signalée en 1449, il faut élire un nouvel administrateur. Ce qui
est fait le 8 janvier 1450 en la personne de Jean Boujuau, neveu des
prédécesseurs.
Mais les Beaufortais ne tardent pas à
constater la
dégradation progressive des services de l'hôtel-Dieu, aussi bien
pour le service divin que pour l'hospitalité.
Dés le 26 mars
1451, ils se réunissent au sortir de l'église pour donner leur avis
et, sans doute, voter des contributions.
L'esprit de la
fondation
de Jean Jouanneaux se perd.
A Beaufort comme ailleurs, le
constat
est fait que la meilleure partie des revenus destinés au soulagement
des pauvres est gaspillée et même détournée de son
objet.
François Ier et ses successeurs vont essayer, par
ordonnances de remettre de l'ordre dans la gestion des hôpitaux. Une
ordonnance de janvier 1546 contraint les administrateurs d'hôpitaux
à présenter leurs comptes devant les juges des lieux et les dits
juges de visiter les dits hôpitaux.
Une sentence
intervient à
Beaufort, le 27 juin 1548, pour faire régir, gouverner et
administrer le revenu temporel de l'aumônerie par deux bons et
notables personnages natifs de Beaufort, bourgeois ou marchands gens
de bien et solvables. Ils sont élus pour deux ans par douze de leurs
pairs en présence des officiers du Roi, ici hors de leur
juridiction.
Ils sont tenus de distribuer aux pauvres malades
de
la ville et aux passants, logis, vivres et autres nécessités. Ils
doivent entretenir en bon état les bâtiments et dépendances. Ils
gèrent les domaines et dressent les inventaires. Ils ne perçoivent
aucun salaire.
Il arrive que la nomination d'un
administrateur
soit contestée. René Le Masson aurait été institué directement
par le Roi, bien que n'étant pas né à Beaufort. Un arrêt du Grand
conseil, le 3 juin 1556, rétablit à la charge d'administrateur
Pierre Migon nommé régulièrement par les habitants.
Trois ans
plus tard, un arrêt du Parlement précise que les douze bourgeois
électeurs seront précisément les douze plus taxés au rôle de la
taille.
Administrer est une chose et s'occuper des
pauvres malades
est une autre. Il semble que les beaufortais ne sont pas très
satisfaits des quelques hospitalières qui interviennent bénévolement
à l'hôtel-Dieu.
En 1598, il leur vient l'idée de confier
leur
hôpital aux Franciscains Récollets de la Réforme qui s'installent
à la Baumette d'Angers.
Les Récollets se chargent de faire la
démarche correspondante auprès du Roi. Celui-ci, envoie son
accord, par lettres patentes, en avril 1599.
L'hôpital
compte
alors douze malades. Les Récollets installent leur couvent à côté.
C'est alors que les Beaufortais pensent à faire venir un
médecin
en résidence à Beaufort.
Le médecin Pierre
de Lamboulaye (1), choisi avec la caution de trois
médecins et trois
chirurgiens de la ville, vient juste de s'installer à Beaufort.
En
1626, une première épidémie de peste s'abat sur la ville, pendant
que la fièvre paludéenne décime déjà la population.
Les
Récollets, dont on connaissait déjà le dévouement aux
pestiférés, font ce qu'ils peuvent dans un hôpital fort incommode.
Les beaufortais leur en sont gré, si l'on en juge par les dons qui
affluent à leur bénéfice.
L'affectation des dons et
legs pose
quelquefois des problèmes. Ainsi le legs effectué par testament du
17 janvier 1628, par la dame du Gué, est à l'origine d'une
procédure judiciaire très longue.
Jeanne Richard, dite la dame
du Gué, n'est autre que la belle-mère de Jacques Giroust des
Vendellieres, prévôt des marchands et conseiller du Roi, avant de
devenir baron d'Avrillé.
Jeanne Richard a ainsi donné la somme
de six cents livres de rente annuelle et perpétuelle pour être
employée en œuvre de charité et piété et nommé pour cela
Etienne Lavollé (2), son neveu, à la fidélité duquel
elle a
confié la dite rente, sans qu'il soit tenu d'en faire la déclaration
d'emploi.
Lavollé oublie de considérer la perpétuité de la
rente. Les habitants donnent pouvoir au administrateurs de
l'hôtel-Dieu pour réclamer auprès de Lavollé et des héritiers
(3) de la dame du Gué, la déclaration
du bénéficiaire de la dite
rente, en l'occurrence l'hôpital. La procédure, confiée aux
experts, dura de longues années.
Plus anecdotique
est l'histoire
du don de Urbain Pelerin et sa femme, rédigé en lettres gothiques
sur parchemin (image 1). Par
testaments successifs
entre le
31
mars 1587 et le 23 février 1608, ils ont légué à l'Hôtel-Dieu
pour le repas des pauvres, le jour du jeudi absolu - jeudi saint de
chaque année - et à perpétuité : des fèves en potage engraissées
de beurre et huile, du froment pour être mis en pain, du vin franc …
Les héritiers ont respecté le testament, mais en 1664,
Jacquine
Couscher (4), arrivée en succession, fait
envoyer à l'Hôtel-Dieu
de la nourriture de si mauvaise qualité et si mal préparée,
qu'elle ne peut être distribuée.
Les deux administrateurs
Jean
Lavollé et André de Fontenay sont obligés de s'en remettre au sénéchal
pour ordonner une saisie correspondante sur les revenus
des biens de la succession.
Mais il est grand
temps de trouver un
nouvel emplacement pour l'hôtel-Dieu, pour le bien des pauvres et
aussi des Récollets qui veulent agrandir leur maison.
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L'acquisition
d'un
immeuble aux Moulins
Un concordat avec les religieuses de Saint-Joseph de La Flèche
L'arrivée des religieuses
image 2
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Les
marchés de
construction de l'hôpital
La construction du couvent
image 3
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L'hôtel-Dieu
au faubourg des moulins
La
Ville n'a guère les moyens d'acquérir un immeuble pour installer
son hôpital.
Une opportunité se présente avec une construction
située au faubourg des Moulins et appartenant aux religieuses du
Tiers-Ordre de St-François de La Flèche.
Ces dernières avaient
l'intention d'y installer un monastère. Elles y renoncent finalement
et acceptent de vendre l'immeuble à la Ville, le 13 décembre 1632,
moyennant 1900 livres apportées par l'amortissement d'une rente due
par Jacques Perdriau et un don de Anne Phélippeau.
On
se
contente
d'aménagements sommaires et le 29 septembre 1633, les malades sont
transférés dans les nouvelles installations, abandonnant aux
Récollets les anciens locaux de centre-ville.
La
situation
pour
les malades n'y est guère plus enviable ; couchettes vermoulues
garnies de paille usée, à peine couverte de haillons.
Quant en
1637, une nouvelle épidémie de peste arrive, encore plus terrible,
l'hôpital est fermé temporairement. Il n'y a d'ailleurs plus
personne pour donner des soins. Les pestiférés sont envoyés dans
un sanistat (5), sur le coteau des Montensais.
Pour
permettre
des
acquisitions nécessaires à l'amélioration des conditions d'accueil
des pauvres au faubourg des Moulins, Jacques Couscher fait don par
testament du 24 août 1652 de 2700 livres.
Il y a d'autres dons
:
Elizabeth Roland pour 300 livres en 1639 ; Daniel Pietreau en 1664 et
encore Anne Phelippeau 1667, entre autres.
Dès
qu'ils le
peuvent les habitants se préoccupent de la construction d'une
chapelle pour le nouvel Hôtel-Dieu.
Quand l'évêque Henri
Arnauld (6)
vient consacrer celle-ci à St
Charles, le 12 décembre
1659, il s'émeut des mauvaises conditions où sont tenus les pauvres
malades. Il ne constate aucune amélioration lors des visites
suivantes.
Aussi, le 27 janvier 1669, il fait assembler les
bourgeois et habitants de la paroisse et leur propose de suivre
l'exemple de La Flèche où Jérôme Le Royer de la Dauversière (7),
administrateur de l'hôpital, a fondé l'Institut des Religieuses de
Saint-Joseph (8) et leur a confié en 1636
l'accueil des
pauvres malades
dans l'hôpital local.
Peu après, Baugé et Laval ont suivi l'exemple,
puis Moulins en 1651, Montréal au Canada en 1659 et enfin Nîmes en 1663.
Les
beaufortais, pas encore enthousiastes, tentent néanmoins une
première démarche le 13 mai 1669, auprès de la maison de La
Flèche. Celle-ci donne aussitôt son accord pour envoyer des
religieuses à Beaufort, sous réserve de l'accord du Roi.
Les
lettres patentes de Louis XIV sont signées le 10 mai 1670 : " il
n'y a de choses qui nous soit plus agréables que de contribuer à
faire subsister les hôpitaux pour le refuge des pauvres et pourvoir
à leurs nécessités tant spirituelles que temporelles, inclinant à
l'humble supplication que nous ont faictes les habitans de notre
ville de Beaufort-en-vallée, tendant à l'établissement de quelques
religieuses hospitalières dites de la Congrégation de St-Joseph
pour servir à l'hôpital de cette ville
... "
Reste à rédiger un concordat entre les
Beaufortais et les
religieuses.
Le 28 janvier 1671, l'évêque Henri Arnauld
présente
le projet de statut et règlement qu'il avait soumis au Roi. Dans la
salle du palais Royal, au-dessus des halles, il y
a le procureur
des hospitalières et de nombreuses notabilités de la paroisse.
Les
dispositions principales du Concordat sont les suivantes :
a)
les
habitants s'engagent à fournir aux religieuses dans les trois ans
qui suivront leur installation, une somme de 3500 livres en argent
pour qu'elles puissent construire leurs bâtiments qui devront
communiquer avec l'hôpital;
b) les deux administrateurs seront
élus tous les deux ans par les habitants, en présence du procureur
du Roi, conformément aux règlements précédemment établis ; ils
devront rendre leurs comptes, dans l'année où finit leur mandat,
devant le juge, le procureur du Roi et les notables ;
c)
chacune
des religieuses qui fera profession devra verser une somme de 300
livres, une fois payée, dont la jouissance appartiendra à la
communauté durant la vie de la professe seulement ;
d) les
réparations ou constructions de bâtiments pour l'hôpital seront
décidées par les administrateurs sur avis de l'assemblée des
habitants ;
e) les malades qui se présenteront à l'hôpital y
seront reçus sur le billet de l'administrateur en charge;
f)
les
religieuses se serviront de la chapelle de l'hôpital et des
ornements liturgiques ;
g) les religieuses instruiront les
pauvres
orphelins qui sont au dit hôpital -au nombre de douze-, suivant les
règles de l'ancienne fondation.
Les
religieuses n'attendent pas pour envoyer un premier détachement à
Beaufort. C'est la Mère des Essarts (9)
qui a été choisie comme
supérieure de la communauté.
Les sœurs Renée Olivier
de la
Guittière, Anne Le Tendre et Jeanne Pillet arrivent les premières
en mars. Elles s'installent dans une petite maison qui avait été
louée pour elles, à côté de l'hôpital.
Ce n'était qu'une
pauvre masure en ruines, sans portes ni fenêtres. Il n'y pas
possibilité d'y faire du feu. C'est que les notables de la Ville ne
montrent guère d'empressement dans l'accueil de la communauté.
Les
sœurs travaillent à rendre les locaux à peu près habitables.
Elles se découragent et écrivent à la Mère des Essarts qui se
trouve à Baugé.
La Mère des Essarts arrive à Beaufort le 31
mai 1671. Elle est accompagnée de Marthe de la Beausse et de Mlle
Anne de Melun (10) fondatrices de l'hôpital de
Baugé.
Les nouvelles
arrivées constatent que le mal n'avait pas été exagéré.
Le
13 juin, Henri Arnauld vient à Beaufort pour délibérer avec le
conseil de la Ville sur les affaires de la nouvelle communauté.
Les
notables, sans doute mal informés, commencent par confirmer leur
opposition à tout soutien aux pauvres et aux religieuses.
Après
l'exposé de la Mère des Essarts, leur position s'assouplit et
l'évêque reprenant espoir décide de procéder sur le champ à
l'établissement solennel à Beaufort de la Congrégation des
Religieuses de St-Joseph, sous la règle de St-Augustin.
Ce
jour
là, la communauté est composée, autour de la Mère des Essarts,
des sœurs Anne Le Tendre, Marie Bidault de la Barre, Renèe Olivier
de la Guittière, Marie Giroust, simples novices, de Jeanne Pillet,
sœur domestique et de Elisabeth Trouvie de la Gasnerie, postulante.
Les religieuses sont enfin installées dans leurs services
hospitaliers. Dix jours plus tard, les administrateurs remettent à
la communauté les meubles de l'Hôtel-Dieu.
Les
difficultés ne
tardent pas à réapparaître. En moins de quatre mois, trois des
sœurs fondatrices décèdent. Hormis le fait que les familles des
décédées réclamaient le reversement des dots, puisque celles-ci
n'avaient pas encore prononcé leurs vœux, dehors les habitants ne
doutent plus que la peste est installée à l'hôpital.
Anne de
Melun et les religieuses sont désespérées. Henri Arnauld vient
leur redonner le moral.
Comme personne ne propose
d'entreprendre
les travaux de constructions indispensables pour les religieuses et
les malades, Anne de Melun propose aux sœurs de se cotiser pour
acheter les premiers matériaux. Marthe Giroust (11) qui s'était
retirée à la communauté, après la mort de sa parente Marie
Giroust, met un louis d'or dans la sébille (12).
Elles
attaquent
les travaux de l'hôpital. C'est le début et avec le temps, les
bâtiments tant de l'hôtel-Dieu que du couvent,vont s'élever tout
au long de la rue du Moulin, aujourd'hui rue de l'hôpital.
Cette
hardiesse ouvre les yeux des habitants qui se
mettent à soutenir l'entreprise. Les matériaux affluent, la main
d'œuvre aussi, sans doute. Les religieuses croient au miracle. Même
le tonneau de vin mis à disposition des nombreux ouvriers semble ne
jamais tarir.
Tant mieux, car le sol manquant de résistance,
il a
fallu creuser les fondations jusqu'à dix ou douze pieds.
Au-delà
de ces procédures vouées à la bienveillance divine, peut-on savoir
comment les constructions ont été élevées ?
Nous
sommes dans
le « Grand siècle » mais pour l'édification des
bâtiments destinés aux œuvres charitables, il n'est pas d'usage
de soigner le décor. Pas de colonnes, pilastres, frontons sculptés
…
Tout est simplifié, utilitaire. On parle même de style
sévère.
A Beaufort, la pierre de taille est pratiquement
réservée aux
chaînes, bandeaux et lucarnes, lesquelles sont de petites
dimensions. Les remplissages de mur, constitués de moellons de
tuffeau et pierres froides, sont enduits avec un mortier de sable et
chaux.
Les toits couverts d'ardoises conservent les deux pans
à forte pente.
Pour étudier le déroulement des
chantiers, il
conviendrait d'exploiter les archives des notaires de Beaufort de
cette époque. Cette lourde tâche dépasse le cadre de cette
fiche.
Pour se faire néanmoins une idée des procédures, nous
livrons quelques indications extraites d'actes enregistrés en 1672
et 1673 par Guillaume Vallet, notaire royal de Beaufort.
Les
conventions ou marchés passés pour l'hôpital sont signés, chez le
notaire, par les administrateurs Pierre Gouin avocat et Claude
Creusot huissier, en la présence de Philippe Lemarié (13),
sénéchal, et Charles Jameron , procureur du Roi.
Les
entreprises
choisies pour les travaux sont souvent les mêmes à l'hôpital et au
couvent. Le plus souvent, ce sont des entreprises artisanales
familiales locales.
C'est ainsi, à titre d'exemple,
que Jean
Phélippeau et Jean et Gilles Lavollé ont été chargés, le 13
décembre 1672, de fournir les bois de charpente pour la construction
de la chapelle et de la grande salle de l'hôpital.
Les
hospitalières
leur confient une tâche identique, le 24 avril 1673, pour la
construction de leur appartenance joignant la chapelle.
Détaillons
un peu ce dossier de l'hôpital. Au moment de la signature, en
décembre 1672, les murailles des bâtiments sont en parties faites.
La fourniture des bois de chêne neuf, bon et marchand équarris,
s'appuie sur une liste descriptive et quantitative dressée par Noël
Roberdeau, charpentier, et jointe au marché passé le 9 mai 1672,
pour l'élévation de la dite charpente.
Il sera aidé par Jean
Bousselin, aussi charpentier.
Les marchands de bois
sont
chargés
à leur frais de charroyer le bois à l'hôpital. Ils se réservent
d'ailleurs l'exclusivité de la fourniture.
Il faut commencer
au plus
tôt et terminer avant la Saint-Jean-Baptiste prochaine. Au fur et à
mesure des approvisionnements, les administrateurs donnent décharge
des quantités livrées et remettent à chaque charretier un morceau
de pain et une pinte de vin.
Préalablement, pour faciliter
les
charrois, les administrateurs se sont engagés à faire réparer les
chemins d'accès au chantier.
Suivent les questions
de
paiement.
Passons directement à l'établissement du décompte définitif. Il
fait l'objet de la séance du 18 décembre 1673, avec les mêmes
interlocuteurs et, en plus, Charles Vallet, receveur des aumônes de
l'hôtel-Dieu.
Le montant total des fournitures est arrêté à
2039 livres et 8 sols. Un acompte de 400 livres et la cession d'une
créance de 588 livres ont été réalisés à la signature du
marché. Reste à devoir 1051 livres 8 sols aux sieurs Phélippeau et
Lavollé.
L'hôpital se libère en partie de cette dette par acte
du 23 décembre. L'hôtel-Dieu cède une créance de 640 livres 7
sols à recevoir de Charles Giroust qui doit la dite somme à
Mathurin Jouanneaux, lequel en a fait cession à l'hôpital ...
Oui, il faut suivre.
Ajoutons que dans leur marché
pour la construction de la
charpente de l'hôpital, les dénommés Bousselin et Roberdeau
s'engagent à faire les charpentes des bâtiments que les religieuses
feront construire aux mêmes conditions de prix que pour
l'hôpital.
Pendant que les bâtiments des pauvres se
construisent, les hospitalières pensent à bâtir pour elles-mêmes.
On leur avait promis 3000 livres pour acheter les terrains et élever
des bâtiments. On leur donne finalement 2500 livres. De 1671 à
1700, pour achats de terrain, construction et entretien de la
communauté, elles ont dépensé l'équivalent de 52 180 francs.
Pour
le
couvent, les marchés sont signés, au parloir des religieuses, par
Lézine Bérault des Essarts, supérieure, Antoinette Roseau,
assistante et Anne Le Tendre, dépositaire. Les sœurs peuvent
éventuellement être représentées par leur procureur, Charles Vallet le
jeune,
avocat au siège.
A titre d'exemples, en dehors des
marchés de
fourniture et de construction de charpente déjà évoqués, les
dames religieuses passent convention le 23 septembre 1672 avec Pierre
Delamotte, maître carreleur et blanchisseur, demeurant à Longué,
pour faire enduire, blanchir les murs, pointer les soliveaux,
carreler le sol, mettre le devant de la cheminée au carré … dans
la chambre que les religieuses ont depuis peu fait construire pour
servir de noviciat.
Pour la construction de
murailles de
bâtiments
en 1673, les religieuses passent un marché avec les frères Pierre
et Mathurin Cailleau, maîtres maçons aux Rosiers. Les murs sont
faits de parpaings de rivière et pierres froides.
Les
religieuses
paient la maçonnerie au prix de quarante deux sols pour chaque toise
de muraille.
Une riche héritière de la ville,
Radegonde Vallet
(14) consacre pratiquement toute sa
fortune au logement des
religieuses -portrait image 2-.
Elle fait construire, à
elle-seule, le chœur,
la salle d'assemblée, les parloirs, le premier dortoir, les chambres
et les greniers au-dessus. A la fin de l'année 1672, elle remet les
clés des locaux en état de s'y loger, sans révéler ce que cela
lui a coûté.
A peu près à la même époque, Marthe Giroust
fait construire les sacristies. Compte-tenu des autres bienfaits, la
communauté lui accorda le titre de bienfaitrice.
En
1674,
l'arrivée de nouveaux dons permet d'acheter quatre maisons voisines
et leurs jardins. Les jardins sont aménagés et clos de murs.
La
présence aujourd'hui, près de la chapelle, d'un vieux tilleul au
tronc harmonieusement sculpté par les années et les intempéries,
nous pose question.
Joseph Denais nous a signalé un tilleul
planté
par Anne de Melun au fond du jardin et qui fournissait encore de
vigoureuses pousses après avoir été brisé par un orage.
Celui-ci
a disparu mais celui-là, présent sur les mêmes plans anciens, ne manque
pas d'intérêt - image 3 -.
La religion
chrétienne accorde au tilleul un caractère sacré dû à l'odeur
des fleurs. Il était habituel d'en planter près des églises.
En
1676, après quelques travaux complémentaires, l'hôpital de
Beaufort est considéré comme « l'un des plus commodes de
France ».
Pour
le couchage, les administrateurs fournissent dix couchettes et
vingt-deux lits, dont vingt sont garnis de courtines (15) et
rideaux
de linge. Ils remettent aussi trente-six couettes de lits, des
couvertures et des draps plus ou moins usagés, des chemises d'hommes
et de femmes et autre linges.
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Des
sœurs partent
au Canada
Un bâtiment séparé pour les incurables
La construction d'un pensionnat pour jeunes filles
La gestion de la pharmacie
image 4
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La révision du concordat
L'administration de l'hôpital devient conflictuelle
L'apogée de la communauté
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Un
hôpital confortable
Le
bâtiment des pauvres est terminé depuis la fin de l'année 1673.
Il
consiste en une grande salle de 100 pieds, approximativement,
de
long et 30 pieds de large, divisée dans toute la longueur par un
refend ouvert d'arcades en plein cintre. La hauteur sous plafond est
d'environ 17 pieds. La salle des femmes est du côté sud et celle des
hommes, du côté des cuisines installées
dans des bâtiments de service, construits entre la grande salle et la
rue.
Les
salles sont propres, bien éclairées et aérées.
Le personnel
se
forme et il y a alors six postulantes.
Les religieuses de Beaufort ont montré leurs
compétences et leur détermination en matière de construction.
En
1679, deux sœurs sont envoyées au Canada, pour rejoindre la maison
fondée le 20 novembre 1659 à Montréal -on dit alors Ville-Marie.
Le fondateur de cette colonie n'est autre que Jérôme Le Royer de la
Dauversière que nous avons vu fonder l'Institut des
Religieuses de Saint-Joseph.
Le Canada est alors
terre de
mission. Beaucoup d'Angevins y partent pour commercer ou évangéliser
les Amérindiens.
Les
récits de tortures et massacres qui parviennent en France
épouvantent nos sœurs, en particulier Charlotte Gallard, qui n'en
était pas moins volontaire et réussira si bien qu'elle sera
supérieure de la communauté pendant dix-huit ans.
A leur
arrivée, au début du mois d'août 1679, après deux mois de voyage,
les sœurs découvrent une communauté logée à l'étroit dans un
véritable taudis. Catherine Maumousseau sera nommée dépositaire,
pour lancer les travaux.
Revenons à Beaufort. Les
travaux
terminés, l'hôpital, plus confortable, attire un plus grand nombre
de malades.
Les administrateurs prennent la décision de ne
plus y
accepter les vieillards infirmes.
Avec une aumône de quelques
sous par semaine, on les disperse en différents endroits.
Sollicitée
par le nouveau curé de Beaufort, la fille du gouverneur du château
(16) loua une maison proche de
l'hôtel-Dieu et le 19 juin 1681, les
premiers vieillards y sont accueillis.
C'est la début de
l'hospice des incurables qui va s'agrandir grâce à de nombreux
dons.
Nous ne traiterons pas ici cet établissement, sortant
du
cadre de l'hôtel-Dieu.
Pour accroître la capacité
d'accueil,
des dons sont faits au profit des pauvres.
Par exemple,
Sébastien
Marmin, prêtre de l'Hôtel-Dieu, donne en 1681 une somme de 1000
livres à charge des administrateurs de fonder deux lits pour
Brion.
Ayant reconnu la nécessité d'ajouter un lit dans la
salle
des femmes, Marthe Giroust fait faire et placer un lit, à ses
frais, sous l'écriteau de sainte-Catherine. Le 11 octobre 1686, elle
fait un don annuel et perpétuel de 50 livres de rente pour son
usage. Les administrateurs Alexandre Rolland et Jean Chaisteau
acceptent ce don, avec le consentement du sénéchal.
En
1696,
les religieuses commencent la construction d'un pensionnat pour
l'éducation de jeunes filles. Nombre de jeunes filles de bonne
famille y ont reçu l'instruction des sœurs hospitalières.
Le
bâtiment est élevé en retour vers la rue de l'hôpital, sur
laquelle il garde l'enseigne « Pension Saint-Joseph ».
Avec
le temps les jeunes filles ont laissé la place aux dames âgées,
dans cette pension.
Dans les années qui suivent,
l'administration
de l'hôpital se retrouve une nouvelle fois dans le doute règlementaire,
à cause d'une déclaration du Roi du 12 octobre
1698, portant règlement pour l'administration et gouvernement des
hôpitaux et maladreries.
D'après le termes de cette
déclaration, il y a désormais un bureau ordinaire de direction
composé des officiers du Roi, du
maire, un échevin éventuel et le curé.
Outre ces directeurs en
titre, des directeurs en nombre suffisant, choisis parmi les notables
et habitants, seront élus pour trois ans en assemblée générale.
Le
bureau de direction nomme pour trois ans un receveur ou
trésorier.
Deux directeurs du bureau de direction seront
nommés
pour expédier les mandements des sommes devant être payées par le
trésorier.
Les titres et papiers concernant les
biens de
l'hôpital sont placés dans une armoire fermant à deux ou trois
clés dont chacune est gardée par ceux qui seront nommés à cet
effet.
On voit là une organisation moderne et surtout une
préséance des représentants du Roi.
Cette
déclaration n'avait
pas obligatoirement vocation à s'appliquer aux hôpitaux
déjà dotés d'un règlement, comme celui de Beaufort. Il n'empêche
que le 22 juin 1708, une assemblée se tient en présence de l'Evêque
d'Angers et nomme quatre directeurs qui avec les officiers et prieurs
de la ville composent désormais le nouveau bureau de direction.
Celui-ci
se réunira tous les premiers lundis du mois.
Charles
Dutertre est
élu administrateur receveur pour deux ans, à six vingt livres de
gages.
Parlons maintenant de pharmacie.
Le
concordat de
1671 n'avait pas traité ce sujet. Les hospitalières se sont
chargées de son fonctionnement. En bonne gestionnaires, elles ont
même crû bon de vendre leurs préparations pour servir à
financer l'entretien de la pharmacie.
A partir de 1730,
Marie-Gabrielle
d'Orvaulx, affectée à la pharmacie, développe la petite
entreprise.
Avec le bénéfice dégagé par la vente des remèdes,
elle achète du lin, du chanvre et du coton, que les malades valides
travaillent.
Avec le profit dégagé, Marie-Gabrielle fait
mettre
des rideaux blancs aux lits des malades, carreler les salles,
entre-autres travaux.
Les administrateurs feignent
d'ignorer
cette entreprise mais dès la mort en 1744 de la Mère Françoise de
Contades qui en imposait à tous, ils exigent réparation, par le
versement d'une somme jugée considérable.
Ils y sont poussés
par les pharmaciens de la ville qui se plaignent de cette concurrence
illégale.
Avec la conciliation
de l'évêque, il est finalement décidé de modifier le règlement
du concordat.
Les hospitalières ne pourront plus vendre de
remèdes et l'administration pourvoira aux besoins de la pharmacie au
moyen d'un budget spécial.
Quelques années plus
tard, en 1749,
les sœurs sont incitées à revêtir de boiseries de chêne les murs
du chœur et du réfectoire. Les travaux durent six ans et les
dépenses s'élèvent à 9445 livres, ce qui obère gravement les
finances de la communauté.
En cette même année 1749,
une
cloche
due au lorrain Jean-Baptiste Rigure, maître fondeur du Roi est
placée dans le clocher de l'Hôtel-Dieu - image 4
-. Elle a été nommée
Louise-Marie-Anne par Louis-Charles Dubreuil du Bost, chevalier
seigneur de Gargilesse et par Marie-Anne Ribault de L'Isle.
La
cloche a été fondue à la diligence de Charles-André Rolland,
administrateur de l'Hôtel-Dieu. Le coq de fer battu qui surmonte le
toit avait été « posé » par Françoise de Contades, le
7 mai 1733.
La gène financière quasi récurrente dans
laquelle
se trouve la communauté attire en 1776 l'analyse de l'abbé François
de la Brosse, leur nouveau supérieur. La clause du concordat qui
oblige les religieuses à verser 300 livres à l'administration à
chaque décès de l'une d'elles devient difficilement supportable.
Le montant des dots apportées par les novices a beaucoup
baissé. Le
recrutement se fait maintenant sur des classes moins
privilégiées.
L'évêque présente le 4 novembre 1776 des
propositions d'amendement au concordat. Il propose de ramener le
versement à 50 livres, payable au jour de chaque
profession.
L'assemblée réunie le 27 janvier 1777 y
fit droit
à
l'unanimité, sous réserve de quelques aménagements au bénéfice
des pauvres. A l'unanimité ou presque, car M. Le Seillier de la
Moisinière faisant fonction de maire objecte que le bureau qui est
réuni ne peut être considéré comme une assemblée générale
régulièrement composée. Le procureur du Roi passe outre.
Depuis
la délibération du 22 juin 1708, il règne un grand désordre dans
l'administration de l'hôpital.
Nous l'avons vu, le sénéchal,
en
sa qualité de commissaire de la Cour, et le procureur du Roi ont pris
le
pouvoir. C'est le sénéchal qui convoque les assemblées.
Les
notables bourgeois et habitants s'estiment lésés dans leurs
représentations et persistent à ne vouloir reconnaître que
l'ancien gouvernement issu des décisions successives de la
fondation, du Grand conseil en 1556 et du Parlement en 1559.
Les
décisions prises pour nommer l'administrateur chargé d'expédier et
signer les mandements sont dorénavant toujours contestées.
La
confusion est à son comble en 1769, quand les trois directeurs élus
Roberdeau, Haran de la Barre et Chaussée démissionnent.
Un
an plus
tôt le sénéchal avait appelé Charles Haran de la Barre au bureau
pour rétablir l'ordre dans le chartrier. Les clés lui avaient été
remises en conséquence. Avec sa démission, il remet les clés à
Mathurin Vallet, maire de la ville.
Il s'ensuit toute une
procédure s'appuyant sur des délibérations du corps de ville, de
bureau et d'assemblée générale de l'hôtel-Dieu, bien trop
longues à décrire ici.
Charles Haran, à qui le
procureur du Roi
reprochait d'avoir fait payer trois livres chacun l'entrée
d'ouvriers à l'Hôtel-Dieu, est soutenu et maintenu administrateur
par le corps de ville et les habitants.
Le sénéchal le récuse
et lui interdit d'officier. En pleine séance, sénéchal et
procureur quittent la salle en emportant chacun une clé de l'armoire
où sont remisés chartrier et registre.
Pendant ce
temps, par
deux fois, les bâtiments de la communauté sont attaqués par un
incendie.
Le 2 janvier 1768, c'est le chœur et la salle des
assemblées qui sont en feu. Les flammes s'élèvent à une grande
hauteur, menaçant les bâtiments de l'hôpital. La magistrature, le
clergé, pauvres et riches tous se précipitent pour aider les sœurs.
Quelques années plus tard, quand Jeanne Ciret, devient mère
supérieure, la maison de Beaufort accueille alors une trentaine de
religieuses. La supérieure, avec l'aide pécuniaire de ses sœurs,
fait prolonger vers l'est les bâtiments claustraux. Deux grandes
chambres sont créées en bas et six cellules à l'étage.
En
1789, Mlle Ciret de la Sublellerie, sœur de la mère supérieure,
donne à la chapelle le grand autel de marbre exécuté par le
marbrier Lecrais, d'après un plan de l'abbé Gazeau, curé de
Saint-Maurille des Ponts-de-Cé.
Malgré toutes les
difficultés, à l'hôpital, le dévouement et
l'abnégation des religieuses de Saint-Joseph fait l'admiration de la
population beaufortaise.
Du 17 juin 1671 au 31 décembre 1790,
les
religieuses de Saint-Joseph ont accueilli 32 320 nouveaux
malades, soit 270 par an. Elles ont dispensé 584 525
journées-malades.
La communauté va pourtant bientôt
vivre des
moments dramatiques.
|
Le premier inventaire pour la communauté
La nationalisation des biens ecclésiastiques
La constitution civile du clergé
La prestation du serment civique
Les
habits
ecclésiastiques prohibés
Dix
sœurs
emprisonnées au château
Vingt-deux religieuses déportées
Dix-sept citoyennes réquisitionnées
image 5
cliquez pour agrandir
|
La
mère
Ciret et la Révolution
En
cette fin de XVIIIe siècle, la France vit une importante crise
financière, en particulier en raison des dettes de la guerre.
Les
biens et ressources des institutions religieuses, très nombreuses en
France, attirent l'attention. Il est envisagé de les taxer.
Louis
XVI décide d'en faire faire un inventaire, dans chaque
généralité.
C'est ainsi que les religieuses de
Beaufort sont
questionnées en 1785, sur leur effectif et l'état des dots versées
à la communauté.
Les sœurs sollicitent un délai de réponse,
le temps de consulter leur évêque. Cette position est considérée
comme un refus.
L'évêque règle le différend mais ne peut
s'opposer à l'amende infligée à la communauté.
La monarchie
se trouvant en état de faillite virtuelle, sur proposition de son
ministre des finances, le Roi décide de réunir les États généraux
pour le 1er mai 1789.
Dans leur cahier de doléances
présenté à
Angers le 16 mars 1789, les beaufortais font part de leurs griefs à
l'encontre, entre autres, du clergé.
Les couvents et
communautés
d'hommes, trop nombreux, sont visés ; les revenus du clergé
séculier aussi.
En revanche, il n'est rien retenu
précisément
à l'encontre des sœurs hospitalières. Elles seront néanmoins
prises dans la tourmente de la Révolution.
Le 2
novembre 1789,
l'Assemblée nationale décrète que les biens ecclésiastiques sont
à la disposition de la Nation, à la charge de pourvoir d'une
manière convenable aux frais du culte, à l'entretien de ses
ministres et au soulagement des pauvres, sous la surveillance et
d'après les instructions des provinces.
Le même
jour, la
communauté reçoit une lettre de la généralité interdisant
« provisoirement » d'admettre des postulantes à la
vie
religieuse et d'émettre des vœux solennels.
Le 13 février 1790
les vœux sont supprimés dans toute la France. Il est proposé
concurremment d'offrir une pension aux religieux qui veulent quitter
leur maison. Le texte réserve néanmoins le statu quo provisoire
pour les maisons chargées de l'éducation publique ou de charité.
Les sœurs de Saint-Joseph sont en émoi. Elles comprennent bien
qu'un statut privilégié leur est maintenu en raison des services
qu'elles rendent mais s'attendent à devoir, tôt ou tard, se
soumettre à la
proscription générale.
Le 5 novembre, la loi
dresse la liste
des biens qui sont à vendre dès à présent. Les biens des
religieuses destinés au soulagement des pauvres font l'objet d'un
ajournement.
A la demande de la municipalité, la Mère Ciret,
produit le 27 février 1790, le compte exact et détaillé de tous
les biens appartenant aux religieuses.
Les revenus nets
ressortent
à un peu plus de 8888 livres. Avec cette somme, elles nourrissent 33
personnes.
Sur l'injonction du directoire du
département, la
municipalité de Beaufort se rend le 19 juin à la maison des filles
de Saint-Joseph pour vérifier l'inventaire de leurs biens et leur
signifier le contenu du décret du 13 février 1790.
Toutes les
religieuses de Beaufort décident de ne point quitter, de toutes
façons, leur couvent. Elles s'expliquent, par un communiqué de leur
mère supérieure. Elles bénissent, chérissent et révèrent leurs
vœux, leur stabilité, leur règlement, leurs fonctions au service
des pauvres malades.
Les membres de la municipalité
reviennent
convaincus. Par lettre du 21 juin, ils défendent auprès du comité
ecclésiastique de l'Assemblée constituante, la protection du saint
établissement des hospitalières, ce qui fut bien compris.
Et
voilà le 12 juillet, la célèbre loi sur la constitution civile du
clergé, ratifiée par le Roi le 24 août.
Tous les
ecclésiastiques fonctionnaires publics doivent prêter le serment
d'être fidèles à la Nation, au roi et de maintenir la constitution
décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le
roi.
Pour l'instant seuls sont assujettis les évêques, les
grands vicaires,
les curés, les vicaires, les supérieurs ou les directeurs de
séminaires et les professeurs.
Le pape Pie VI croit
bon de
prendre position et de condamner solennellement la constitution
civile, créant un schisme à l'intérieur de la communauté
chrétienne.
Le clergé se divise en assermentés et insermentés
et dans ceux-ci les prêtres proches des religieuses de Beaufort.
Et
voilà que les religieuses sont accusées d'ouvrir la chapelle de
l'Hôtel-Dieu à la pratique du culte traditionnel et même de sonner
la cloche pour prévenir les habitants. De plus, elles manqueraient à
leur devoir d'instruire les enfants qu'elles hébergent dans le culte
de l'Eglise constitutionnelle et bien d'autres choses encore.
La
situation des religieuses devient beaucoup plus compliquée quand le
29 novembre 1791 un décret oblige tous les religieux à la
prestation du serment civique, sous peine de déchéance de tout
traitement ou pension, sans compter une peine d'éloignement, voire
de prison en cas d'incitation à la désobéissance.
Le
lendemain,
la municipalité signifie à la communauté que ses biens et les
titres lui sont retirés, soit un revenu de 9000 livres, charges
déduites.
Nouvelle épreuve pour les religieuses : le 17
février
1792, le confesseur et le chapelain de la communauté partent pour
Angers où ils sont assignés à résidence.
Les religieuses
sont
privées de leur prêtre et directeur de conscience. On leur nomme un
prêtre assermenté. Elles refusent son service.
Agacé,
le
nouveau procureur de la commune, le citoyen Lecluze, commence à
montrer son autorité.
Dans une requête à la municipalité du 28
mars 1792, il préconise, sans ambages, pour faire cesser les abus de
la communauté « … de faire murer ces religieuses et les
remplacer, pour le service des pauvres, par des femmes charitables
que vous ne manquerez pas de trouver dans cette ville et qui sont
beaucoup plus dignes de la confiance publique par leurs principes
constitutionnels ... ».
En août, le port
des costumes
ecclésiastiques est prohibé. Les religieuses restent insensibles au
nouveau décret.
La population beaufortaise est exaspérée par
leur entêtement. Le 27 août, elle s'attroupe menaçante devant le
cloître. La mère Ciret et sept religieuses sont emmenées de force
jusqu'à l'autel de l'église Notre-Dame. On les somme de prêter
serment. Les sœurs ne faiblissent pas. Chacun rentre chez soi.
Le
procureur Lécluze, de plus en plus outré par la résistance des
sœurs et de l'apparente mansuétude de la municipalité à leur
égard, fait semblant de démissionner en janvier 1793.
La
municipalité réagit et les sœurs se résignent à quitter leur
habit religieux.
Deux mois plus tard, c'est le début
de
l'insurrection vendéenne. Les hussards du régiment d'Aunis
stationnent à Beaufort.
Au mois de mai, des prisonniers
enfermés
dans le château sont emmenés sur la place du Champ de foire et
massacrés.
Quelques soldats furieux et ensanglantés se
rendent à
l'hôpital pour en finir avec la mère Ciret et son adjointe.
Courageusement, la mère Ciret se dirige vers eux et, sans leur
laisser la parole, leur propose de les soigner. Ce qu'ils acceptent
stupéfaits.
Les décrets se succèdent pour
poursuivre et
punir
les suspects à la République.
Le procureur Lécluze saisit
l'occasion pour affirmer son pouvoir. Le 19 septembre, il fait
arrêter la Mère Ciret, son adjointe Frédérique de Gargilesse et
huit autres citoyennes de la ville. Elles sont emprisonnées dans les
sous-sols du vieux château.
Les sœurs ne recouvrent leur
liberté que le 15 novembre, après l'intervention du citoyen Bardon,
commandant des hussards, soulignant que ses soldats malades sont
soignés de bonne grâce par les femmes de l'hôpital.
Le Comité
révolutionnaire d'Angers a accédé à sa demande, sous réserve que
la municipalité surveille attentivement le comportement des
religieuses.
Lécluze, qui n'est plus procureur de la
ville,
mais
dorénavant membre éminent de la Société populaire de Beaufort
(17), ne peut alors s'empêcher
d'exprimer sa rancœur à Angers. Il
propose de faire conduire à Angers toutes les religieuses
contre-révolutionnaires. Il avance qu'il est à même de trouver à
Beaufort des femmes vertueuses qui se feraient un plaisir, un devoir,
de consacrer leur temps, leurs forces et leurs soins au soulagement
de l'humanité souffrante.
Le 9 janvier 1794, un
groupe
d'individus s'introduisent dans la chapelle de l'Hôtel-Dieu et
s'acharnent sur les objets religieux. Le tabernacle est éventré,
les statues, christ et reliquaires jetés à terre. Les tableaux sont
lacérés et piétinés. Les vandales entrent alors dans le couvent
et détruisent cahiers, livres et papiers qui constituent les
archives de la communauté.
Quelques jours après, les
exécutions
commencent au bois de la Haye, à Angers.
Prévoyant la
catastrophe pour les religieuses de Beaufort, la municipalité se
déplace à l'hôpital le 21 mars, pour une ultime démarche auprès
des sœurs pour les inciter à prononcer le serment : nouveau refus.
René Machefer, de Mazé, membre du conseil général à Angers,
est nommé commissaire à Beaufort, le 14 avril 1794, par le district
de Baugé. Il est dépêché avec mission d'arrêter toutes les
fanatiques, ennemies de l'humanité et de tout principe de
fraternité.
L'expulsion des religieuses et leur
transport à
Angers est irrémédiable, ce qui est fait dès le lendemain.
A
11 heures du matin, le commissaire à la tête d'une petite troupe entre
à l'hôpital et fait appeler vingt-deux religieuses (18)
résolues à
rester fermes dans leur foi. Une visitandine de Saumur (19),
alors
retirée à l'hôpital, se joint spontanément au groupe.
La
municipalité insiste pour que les religieuses soient emmenées en
charrette et non à pied comme exigé par le commissaire.
C'est
donc quatre charrettes qui partent sous la pluie battante, en milieu
d'après-midi. Les religieuses sont quasi à jeun et ne se font pas
d'illusion. La mort les attend quelque part.
Le
commissaire
continue sa mission, sans attendre. Il a été délégué pour
procéder au remplacement, dans les vingt-quatre heures, des
religieuses, pour que les services hospitaliers ne souffrent d'aucune
interruption.
La municipalité avait essayé d'anticiper. Elle
avait déjà fait appel public à des candidatures. Personne ne s'est
présenté. Une démarche auprès des religieuses de Baugé s'était
également soldée par un échec.
Le commissaire se
résolut donc
à faire réquisitionner provisoirement dix-sept citoyennes, choisies
comme « bien-pensantes ». La moitié sont des filles
des
membres de la Société populaire.
Cinq d'entre-elles présentent
des excuses pour ne pas répondre à l'invitation, ce qui est
accepté. Les douze autres sont aussitôt installées à l'hôpital,
en présence du médecin, le citoyen Chaussée, avec mission de
donner à l'humanité souffrante tous les services qu'elle a droit
d'attendre des vertus républicaines.
Les femmes déclarent
néanmoins
n'accepter la fonction qu'à titre provisoire en attendant leur
remplacement par le district.
Par la suite, des volontaires se
manifestent pour donner les soins à l'hôpital.
Pour
rémunérer
les femmes qui ne peuvent vivre sans salaire, les administrateurs
déposent une requête, le 16 mai 1794, auprès du comité
révolutionnaire d'Angers. Ils proposent que les malades
interviennent financièrement selon leur possibilité. Le comité va
donner son accord.
Le couvent est déserté. Pas tout
à fait. La
sœur Marguerite, tourière, n'ayant pas été appelée lors de
l'expulsion, reste au cloître - plan image 5
-.
A côté, dans les dépendances,
le citoyen Pananceau, salpêtrier, que l'on a vu tenter d'acheter en
1779, une partie des remparts,
installe un atelier de lessivage.
Il va fonctionner pendant deux ans, avant que la municipalité ne
retire la concession car Pananceau n'a encore acquitté aucun loyer.
Voici donc l'hôpital complètement laïcisé. La
chapelle qui
dépend de l'hôpital est utilisée pour l'hébergement des malades.
|
La
maladie naît du
déséquilibre des humeurs
Les hospices sous protection divine
Les ordonnances prescrites en latin
image 6
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La Révolution repense la médecine
|
La
médecine ancienne
Au
Moyen-âge, la santé est d'abord basée sur l'équilibre des quatre
humeurs : le sang, le flegme, la bile et la mélancolie qui se
trouvent à la croisée des quatre éléments : l'air, la terre,
l'eau et le feu, associés eux-mêmes aux qualités : chaud, froid,
humide et sec.
La maladie naît du déséquilibre des humeurs et
grand principe : chacun est responsable de sa santé[LAT ].
Il faut
suivre un régime personnalisé. La nature a prévu de mettre à
disposition des bonnes herbes dont la connaissance est primordiale.
C'est la science des apothicaires.
Les couleurs jouent un rôle
prépondérants : la jaunisse, la rougeole, le mal blanc autrement
dit la lèpre. On soigne avec des plantes de même couleur, mais
la tumeur noire est mortelle.
Les organes malades sont traités
avec des semblables : la surdité avec de l'oreille de lion, la
grande consoude consolide les os cassés …
La
médecine n'est
pas, pour l'essentiel pratiquée dans les hôtels-Dieu, mais à
domicile. D'ailleurs, la majorité de la population pratique
l'auto-médication.
Les hôtels-Dieu ou hospices sont créés le
plus souvent par des religieux pour accueillir les pauvres malades,
les voyageurs fatigués, les orphelins et les infirmes.
Les
maladreries sont installées à l'écart des centre-villes, pour
soigner les lépreux ou ladres. Ces derniers vivent en communauté et
doivent obéir à des règles strictes. La maladrerie est quelques
fois une simple cabane en bois située au bord d'une route. Les
lépreux vivent de mendicité.
Dans les hospices, les
soins sont
placés sous protection divine, d'où l'appellation de maison-Dieu
ou hôtel-Dieu.
Et plus, les saints du paradis sont spécialisés
chacun pour une affection. Chaque lit d'hôpital est placé sous la
protection d'un saint.
Les médecins finiront par
s'inquiéter
de
cette concurrence.
Ils travaillent avec les yeux et le nez.
Ils
mirent les urines et apprécient la gravité d'une maladie par son
odeur.
Ils sont formés en faculté et entretiennent le mystère
sur leur savoir, souvent mis en doute par leurs contemporains. Ils
dictent leurs prescriptions en latin. Les médecins délivrent des
certificats médicaux, par exemple pour les soldats qui ne peuvent
rejoindre leur régiment. Ils procèdent à des expertises et
autopsies.
Les femmes qui n'ont pas accès à la faculté ne
peuvent exercer la médecine.
Les chirurgiens
travaillent
avec
les mains. Ils sont, pour la plupart, des barbiers, arracheurs de
dents, voire forgerons, souvent nomades. Ils sont reconnus par un
jury. Ce sont eux qui pratiquent la saignée, opération la plus
courante.
Les apothicaires doivent savoir lire et
écrire
correctement. Il leur faut déchiffrer les ordonnances et
étiquettes des médicaments.
Ils se chargent de mettre en
oeuvre le clystère.
Pour
l'ordonnance ci-contre, la traduction suivante nous est proposée par
soeur Bertille
Baulieu:
Prenez
:
catholicon
diaprunum laxatif ? onces de
chacun en parties égales
miel de mercurial 2 onces
dissouts
dans une livre de décoction de clystère commun
Que
le clystère soit fait
Pour
l'hôpital
pour
la Fluvie
malade à l'hôpital
le 22 janvier 1645
Nota
:
Le catholicon est un électuaire de séné et de rhubarbe que
l’on croyait propre à
toute maladie; il est reconnu comme remède universel (sens du mot
latin catholicum),
une panacée. Pas de rhubarbe pour le clystère.
Le
diaprunum est un électuaire à base de pruneaux.
L'électuaire
est un
médicament fait de poudres composées et aussi de pulpes et
d'extraits, avec des sirops à base de sucre ou de miel.
Le
mercurial
est une plante herbacée aux propriétés laxatives. Le mélange de jus de
mercurial et de miel blanc servait pour les lavements, entre autres
pour les enfantsqui avaient des vers.
Les
pots à pharmacie doivent
porter
le nom des remèdes et aussi le mois et l'année de leur
fabrication.
L'apothicaire de l'hôpital range en bas des
étagères
les silènes qui sont des boites de châtaignier, sorte de boisseaux,
contenant les matières premières.
Plus haut, sont les
médicaments préparés. Les chevrettes en argile, étain, faïence
de Nevers ou porcelaine de Sèvres contiennent les sirops, miels et
huiles. Les pots à canon sont destinés aux onguents, opiats (20)
…
Les bouteilles et cruches en verre ou terre contiennent les eaux
distillées.
Il y a enfin les piluliers.
A
la
Renaissance,
l'augmentation de la pauvreté conduit les autorités religieuses à
donner priorité, pour l'hébergement en hospices, aux indigents et
infirmes au détriment des soins aux malades.
L'hygiène se
développe. La balnéothérapie connait, paraît-il, une grande
vogue.
A l'aube de la Révolution, la médecine et les
médecins
ont mauvaise réputation. Les hôpitaux aussi d'ailleurs. Ils sont
accusés d'entretenir l'indigence, plus que de soigner.
Dans
un
rapport de 1791 adressé par la Faculté d'Angers à un comité de
Salubrité de l'Assemblée constituante, on lit : « La pratique
de la médecine à Angers est , comme ailleurs, tombée, au mépris
des lois les plus sages, dans la plus vile déprédation. Son
exercice est usurpé, tronqué tous les jours par toutes sortes de
personnes plus ou moins inhabiles et impropres à ce précieux
office. Les chirurgiens, les pharmaciens, les sages-femmes, les
femmelettes des maisons de charité de paroisse sont les acteurs et
actrices qui perpétuent cet abus destructeur » [ANJ ].
Les
Révolutionnaires vont d'abord s'attacher à repenser la formation
des médecins, fermant les Facultés [PEC] et renvoyant les aides
aux hôpitaux à des fonds de secours bien vite épuisés.
|
Le retour des religieuses
à Beaufort
La Société populaire leur refuse l'hôpital et le couvent
L'Etat se décharge de la gestion des hôpitaux
Les sœurs sont réinstallées
L'agrandissement de l'hôpital
La question de la propriété des bâtiments de la communauté
Le
projet
d'extension pour les services
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|
L'expansion
de
l'hôtel-Dieu
Grande
émotion dans la soirée du 14 avril 1795. Les sœurs de Saint-Joseph
arrêtées exactement un an plus tôt et déportées sont de retour à
Beaufort. Malheureusement deux d'entre-elles sont décédées
pendant
ce temps.
Les religieuses pensent pouvoir réintégrer
l'Hôtel-Dieu de suite. L'entrée de l'hôpital comme celle du
couvent leur sont aussitôt interdites par l'autorité municipale.
C'est qu'entre-temps les hôpitaux ont été nationalisés.
L'effectif des soignantes de l'hôpital s'est peu à peu
consolidé
avec des citoyennes de la ville et des environs.
Les
réactions
de la population, à un retour des religieuses, sont à craindre. Il
vaut mieux demander à la Société populaire de statuer.
A
plusieurs reprises, pendant la détention des religieuses, des
pétitions avaient été adressées à cette société pour
solliciter leurs réintégration. A chaque fois, le citoyen Lécluse
était monté à la tribune pour faire rejeter la question.
La
dernière intervention en date avait été présentée le 28 février
1795 sous la présidence du citoyen Béritaut l'aîné. Quelques
jours plus tôt, les religieuses acquittées venaient de sortir de
leur prison de Lorient.
Lécluse monta à la tribune pour se
défendre de l'accusation présentée précédemment, affirmant que les
sociétaires n'avaient aucun souci des pauvres malades.
Il se
sentait
accusé personnellement de s'opposer au retour des religieuses. Il
fut obligé d'avouer que l'hôpital était dans un véritable état de
dénuement par manque de fonds. Le citoyen Chaussée, médecin de
l'hôpital, en avait informé le représentant du peuple lors d'une
visite de celui-ci. Il n'y avait eu aucune suite.
Lécluse
croit
alors gagner du temps en proposant d'adresser à Angers une pétition
des membres de la société pour réclamer des fonds.
C'est alors
que le citoyen Lorier (21), saisissant l'opportunité,
propose de
faire signer cette pétition par tous les habitants de la ville et
de nommer un commissaire pour la présenter. Cette proposition est
acceptée à l'unanimité.
Leur situation ne se
précisant pas,
les religieuses sont obligées de se disperser. La plupart sont
accueillies dans des familles beaufortaises. D'autres rejoignent
d'autres maisons de la congrégation.
L'administrateur de
l'Hôtel-Dieu, le citoyen Pelé, qui avait toujours reconnu la
qualité des soins donnés par les religieuses et leur entière
disponibilité, s'adresse sans tarder au district de Baugé pour
faire réintégrer les religieuses. Le district qui devait d'ailleurs
bientôt être supprimé, ne répond pas.
A la fin du
mois d'août
1795, les clubs révolutionnaires sont dispersés, donc la Société
populaire.
Les discussions continuent entre le conseil
municipal et
le nouveau directoire du département, pour le retour des religieuses
à l'Hôtel-Dieu. Leur départ a privé l'humanité souffrante des
secours que l'expérience, le zèle et les vertus compatissantes
procuraient à l'infirmité.
Le régime intérieur de la maison
a
singulièrement souffert de cette absence. Les dépenses se sont
multipliées, alors que le nombre de malades diminuait. La pharmacie
est restée sans direction.
Tout s'y fait au hasard. Les
infirmières
de remplacement, sans expérience, sans vocation pour cet emploi
répugnant et mal payées, menacent de démissionner.
Jusqu'en
avril 1797, le directoire d'Angers ne bouge pas et sur une dernière
sollicitation de la municipalité, il répond le 22 avril qu'il ne
faut plus l'importuner avec ce sujet. Ce que fit justement la
commission administrative de l'hôtel-Dieu de Beaufort.
Avec
la
loi du 7 octobre 1796, l'Etat s'est déchargé de la gestion des
hôpitaux. Il rend ce qui reste de leur patrimoine et charge
l'administration municipale de l'arrondissement de leur surveillance
immédiate.
Cette administration nomme une commission
administrative
composée de cinq citoyens résidant dans le canton qui élisent
entre eux un président et choisissent un secrétaire. La commission
élit un receveur qui rend compte tous les trois mois.
Quelques
années plus tard, une circulaire désignera comme président-né le
maire de la commune où est implanté l'hôpital.
A
Beaufort,
puisque l'hôpital avait l'autorisation de recruter huit
hospitalières rémunérées, la commission choisit de nommer des
citoyennes vivant dans la commune, en l'occurrence les huit
ex-religieuses encore disponibles.
La commission propose
dans un concordat de fixer
le salaire annuel de chaque hospitalière à 100 livres, en
numéraire. L'hôpital recevrait, par ailleurs, 240 boisseaux de
froment, 60 de seigle, à la charge de nourrir la cuisinière et le
jardinier ; 6 busses de vin du pays de bonne qualité, 10 cordes
de gros bois et 600 fagots à deux liens, aux conditions de cuire le
pain et de chauffer la lessive des malades ; 1200 livres de viande de
boucherie ; enfin 390 livres en numéraire pou achat de beurre, sel,
œufs, charbon, huile à manger et à brûler, chandelle, savon,
poisson, légumes secs, poivre, sucre, épicerie et toutes autres
sortes de provisions : au total 1190 livres par an.
Cette
proposition
est acceptée le 18 septembre par 1797 par
l'administration centrale.
Rien ne s'oppose plus, en
principe, au
retour des hospitalières à l'hôtel-Dieu.
Sauf que l'on exige
d'elles un nouveau serment pour devenir fonctionnaire de la nation.
Nouvelle réticence des sœurs. Il faut encore patienter.
Enfin,
après la nomination de Bonaparte comme premier consul, la politique
à l'égard des communautés religieuses s'assouplit et le 14 mai
1800, la municipalité de Beaufort réintègre officiellement les
ex-sœurs hospitalières.
Elles sont installées le 21 mai.
Jeanne
Ciret est nommée directrice et économe.
Il faut maintenant
réorganiser le service, procéder aux réparations les plus
urgentes, rouvrir la chapelle saccagée et transformée en dortoir
pour les malades.
Le concordat signé en 1801 entre
le Pape et
la
France, rétablit les fondations religieuses. Le 28 juin 1802, les
sœurs hospitalières reprennent les habits de leur ordre.
Napoléon
devenu empereur oblige les congrégations à présenter leurs statuts
au Conseil d'Etat.
Les statuts approuvés le 28 décembre 1809
disposent en particulier :
« art
1: L'hôpital de la ville de Beaufort est gouverné par une
congrégation de filles connues sous le nom de Filles de St-Joseph
…
art 2 : Le but de leur institution est de soigner les
malades
dans les hôpitaux …
art 5 : La supérieure est nommée à la
majorité des suffrages par les sœurs hospitalières … la
nomination d'assistante, d'instructrice, des novices et de
dépositaire se fait dans la même forme.
art 6 : les autres
emplois sont nommés par la supérieure ... »
L'accueil
des orphelins n'est plus dans la mission.
Avec le décret du 27
avril 1805, l'idée de faire calculer le prix de journée dans les
établissements de bienfaisance est avancée. La méthode n'est pas
indiquée et ne le sera qu'à la fin du siècle. Néanmoins les
receveurs et administrateurs des établissements doivent rendre des
comptes.
En 1807, la commission administrative
décide
l'agrandissement de l'hospice des malades. Le projet prévoit de
porter à 40 lits la capacité d'accueil.
Un premier plan est
dressé par l'entrepreneur René Riobé. Les salles existantes sont
agrandies sur trois croisées vers l'ouest. Le bâtiment est allongé
de 16 mètres, avec étage. A la suite des salles, des corridors
donnent accès à une chambre des bains. S'y ajoute, un nouveau mur
de clôture.
Le montant du devis est de 22 727, 09
francs.
Ce
projet trop sommaire ne reçoit pas l'accord du Conseil des bâtiments
civils.
Une nouvelle étude plus complète est confiée à
l'architecte Corcelle de Bordeaux. Il détaille bien les contraintes
d'environnement. Les salles sont prolongées de 18 mètres environ. Le
bâtiment est prolongé au-delà, avec caves, un rez de chaussée
comprenant salle de bains, salle de pansements ; deux chambres à
deux lits pour des malades payants, latrines, un étage avec salle
d'assemblée et son antichambre, une pharmacie, un entrepôt de
lingerie ; un grenier pour une grande lingerie.
L'adjudication
du
15
mars 1811 porte sur un montant de travaux de 24 500 francs.
Quelques modifications portant sur les maçonneries sont
apportées
par l'architecte Louis François (22), chargé du suivi des
travaux .
La réception des travaux est prononcée le 5 avril 1813.
La
pharmacie est finalement implantée au rez-de-chaussée, face à une
salle de chirurgie.
Vers
la fin de la monarchie de juillet, des tensions réapparaissent dans
les questions religieuses.
Le 29 mai 1846, la question est
posée
en conseil municipal pour savoir qui est aujourd'hui propriétaire
des bâtiments de la communauté. Peut-on encore les considérer comme
bien national ?
Une commission est nommée pour y réfléchir.
Dans sa conclusion, le rapporteur Béritault, juge de paix, avança
que le décret du 26 décembre 1810 érigeant la communauté en
institution publique est un titre de possession des dames
religieuses.
S'il fallait le considérer autrement, leur
présence
tranquille dans les lieux pendant longtemps et les actes de
propriété, notamment de constructions qu'elles y ont accompli, sont
un bon argument pour leur rendre leurs biens non vendus, comme cela a
été fait pour les émigrés. Le débat est clos.
Pour
mieux
délimiter leur propriété, du côté Est, les religieuses
commandent, en 1828, à Jacques Riobé, entrepreneur de bâtiments,
la construction du mur en pierre de Brion ou Mazé, en bordure de rue
et de l'ancienne douve. Le mur aura environ trois mètres de hauteur
et vingt pouces d'épaisseur.
En 1848, un autre
projet
d'extension
de l'hôpital est confié à l'architecte Bibard (23).
Il porte sur
un bâtiment construit sur deux niveaux, en équerre par rapport au
précédent. Destiné à recevoir tous les services, il permet de
dégager le vieux bâtiment pour l'accueil de nouveaux lits
- image 7 -.
La capacité d'accueil des deux grandes salles, une de
chaque côté du corridor d'accès au nouveau bâtiment, est porté à
56 lits.
Dans l'extension, le rez-de-chaussée regroupe les
salles
de bains, la salle d'opération, « l'ensevelissoir »
et
des locaux de dépôt. A l'étage se trouvent la pharmacie et le
laboratoire, une grande lingerie et une grande chambre.
Un
pavillon d'accueil, non prévu au projet initial, est construit face
au grand portail d'entrée de la rue de l'hôpital.
La réception
des travaux est prononcée le 10 juillet 1850. Le montant des travaux
réalisé est de 31 546, 93 francs.
Cette
extension se
révèle
particulièrement opportune en juin 1856. Dans la nuit du 3 au 4, la
Loire rompt les digues et inonde
toute la vallée. La communauté,
autorisée à la levée de la clôture (24),
accueille 32 personnes.
Les bestiaux sont abrités dans les hangars et tout le fourrage qui a
pu être sauvé est entassé dans le jardin.
L'hôpital
et la
communauté vont bientôt avoir à faire face à des évènements
encore plus graves.
|
Les
blessés de
l'armée du Rhin en 1870
image 8
cliquez pour agrandir
Le médecin interdit de visite
Projet de gestion commune avec les Incurables
Les blessés de la guerre 1914-1918
La rénovation des salles d'hôpital
La réquisition de 1939
|
Au
temps des grandes
guerres
Au
début du mois d'août 1870, les troupes françaises de l'armée du
Rhin s'engagent à la frontière allemande. Le 4, c'est le premier
revers.
Sollicités par le ministre de la guerre, le maire de
Beaufort et l'administration des hospices mettent cinquante lits à
disposition des blessés ou malades de l'armée du Rhin.
Le
ministre envoie une lettre de remerciement le 15 août.
Une
ambiguïté subsiste. Un mois plus tard, le maire écrit au
sous-préfet pour lui faire part d'une demande de la commission des
hospices. Celle-ci souhaite que les lits soient affectés à des
blessés et refuse les malades ordinaires provenant des hôpitaux
militaires.
Le sous-préfet s'étonne de cette position qu'il
n'a
point eu à connaître ailleurs dans l'arrondissement.
La
commission persiste dans sa position et le maire en informe le
sous-préfet par lettre du 18 septembre.
Nous sommes alors au
début du siège de Paris. Trois semaines après, Gambetta arrive à
Tours pour lever une nouvelle armée.
En décembre, un premier
convoi de blessés arrive à l'hôpital qui est aussitôt transformé
en ambulance. Les malades présents sont transférés dans des pièces
de service, pendant que les militaires blessés occupent les deux
grandes salles et le corridor Ste-Anne (25) - plan
image 8 -.
Les habitants de la
ville fournissent des lits. Des militaires restent à l'hôpital
jusqu'au 18 février 1871.
Les hospitalières auraient pu
souffler
un peu si une terrible épidémie de variole n'était venue encombrer
l'hôpital de moribonds.
Quatre ans plus tard, les sœurs de
St-Joseph ont à craindre de devoir quitter Beaufort. Leur nouvel
évêque, Mgr Freppel, a connaissance que le Dr Grimoux, maire de
Beaufort et médecin de l'hôpital, a pris la tête d'un cortège
pour un enterrement civil, premier du genre.
Il s'en irrite
trop
spontanément et menace de retirer les sœurs de l'hôpital si le
docteur continue ses visites à l'hôpital.
Le docteur n'a pas
l'intention de céder à l'injonction. La mère supérieure fait une
démarche auprès de lui, lui confirmant qu'elle ne peut s'opposer à
sa hiérarchie.
Pour apaiser les esprits, le docteur Grimoux accepte,
à contre cœur, d'arrêter ses visites à l'hôpital. En échange, il est
bientôt
nommé administrateur.
En 1880, il demande, à ce titre,
l'établissement d'un plancher pour l'assainissement des salles et la
construction de nouveaux lieux d'aisances. L'architecte Beignet (26)
réalise ce projet.
L'évêque s'étant, entre-temps, apaisé, le
docteur Grimoux demande sa réintégration comme médecin de
l'hôpital, ce qui lui est accepté. Il démissionne alors de son
poste d'administrateur.
La situation financière de l'hôpital
devenant préoccupante, les administrateurs décident de supprimer
dix lits et de faire payer 1,5 franc la journée, les malades hors
commune, à moins que leur mairie ne prenne en charge leur
séjour.
Jusqu'alors seize communes envoyaient leurs malades à
Beaufort.
Deux communes, parmi les plus importantes, conteste cette
décision et intentent un procès. Elles sont déboutées.
Avec
l'avènement au pouvoir du cartel des gauches en 1902, la tension vis
à vis des institutions religieuses augmente sérieusement.
Le
docteur Chevalier (27),
maire et républicain militant, rêve de
laïciser l'appareil de santé de la ville.
Il ne trouve pas,
dans
la gestion de l'hôpital, de raisons majeures de bousculer les
choses.
Un inspecteur des hôpitaux vient à l'hôtel-Dieu, 26 août
1902. Il visite les installations, accompagné de l'ordonnateur et de
l'économe. Il se montre satisfait de la tenue de l'établissement,
comme d'ailleurs de tous ceux tenus par les sœurs de Saint-Joseph,
Laval et Beaufort, en tête.
Au motif de réaliser des économies
de gestion, le docteur Chevalier tente de réunir sous une même
direction, les deux hospices, celui de l'hôpital et celui des
incurables géré par la communauté des sœurs de Saint-Martin la
Forêt.
Il laisserait à charge des religieuses de Saint-Joseph
l'établissement d'un tunnel sous la rue qui les sépare. Malice ?
Comme les sœurs de Saint-Joseph sont cloîtrées, elles ne peuvent
traverser la rue.
Cette dépense n'est évidemment pas
supportable par la communauté et de chaque côté on s'engage à
faire des économies. Pour leur part, les sœurs de Saint-Joseph
acceptent de supprimer deux des huit hospitalières, dont le
traitement est alors de 500 francs annuel. La commission accepte
cette proposition, le 2 février 1903, et chaque congrégation reste
en son domaine. Seuls les dispensaires sont réunis.
L'application
de la loi de séparation de l'Église et de l'État du 9 décembre
1905 ne provoque pas de troubles particuliers à l'hôpital, même si
les religieuses regrettent de ne plus pouvoir, à partir de 1909,
prier dans les salles des malades.
Il faut bien vite penser à
autre chose. Dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1914, les
premiers blessés de guerre arrivent d'Alsace, dans un état
lamentable.
Une ambulance municipale est créée à Beaufort en
octobre, dans des locaux proches de l'hôpital, pour les moins
atteints soignés par des femmes bénévoles.
A l'hôpital, on
reprend l'organisation de 1870. Les hospitalières se multiplient
mais, très vite des restrictions de nourriture s'imposent Il n'y a
plus de café noir pendant la veille de nuit. De jour, le pain est
rationné et la boisson remplace le vin.
Pendant les années
1914
et 1915, il séjourne jusqu'à 123 soldats à la fois et 744
reçoivent les soins des religieuses.
L'hiver 1916 est des plus
rigoureux. Les malades civils qui demandent à rentrer à l'hôpital
sont refoulés par les autorités militaires. Il faut garder des lits
disponibles.
Enfin en juillet 1917, les militaires libèrent
l'hôpital
et le 13 août 1917, la fermeture de l'ambulance municipale est
prononcée. Les
malades pourraient redescendre dans les salles, si le 19 août
n'arrivait un convoi de vieillards évacués de la région
d'Armentières. Sept autres convois suivent.
Après la guerre,
le
pauvre hôpital se retrouve dans un état pitoyable. Les murs sont
délabrés et le manque de propreté et d'hygiène n'est plus
tolérable.
La fréquentation de l'hôpital a augmenté. Du 1er
janvier 1801 au 31 décembre 1920, l'hôpital a accueilli 51 867
nouveaux malades, soit 432 par an. Les hospitalières ont dispensé
1 466 432 journées-malades.
Pour se mettre
à niveau,
en première urgence, le service d'eau est installé à l'hôpital.
Depuis une dizaine d'années, il ne pouvait plus y avoir de
bains.
L'architecte Mornet d'Angers est chargé par les
administrateurs d'élaborer un projet de rénovation.
Les
travaux
commencent le 16 août 1930, pour se terminer en fin d'année.
Les
boiseries qui séparent les salles sur une demi-hauteur sont
surmontées de vitrages jusqu'au plafond. Quatre boxes vitrés sont
aménagés dans chaque salle pour y placer les contagieux.
Le
chauffage central est installé dans les salles, la pharmacie, lingerie,
chambre de réserve, chambre des paquets, chambres de bains
des pensionnaires, corridors, chambre du Sacré-Cœur, chapelle,
sacristies, bureau de la sœur économe, cabinets …
Les murs des
salles, chambres et corridors sont peints de trois couches de
peinture vert clair.
Les cabinets sont reliés à un réseaux
d'assainissement qui va jusqu'au ruisseau.
Les religieuses qui
attendaient ces rénovations depuis plusieurs années sont
ravies.
Elles ont l'idée de se donner des ressources en créant
une pension de famille. En effet, elles sont devenues moins valides
pour tirer bénéfice de leur jardin potager.
L'occasion leur en
est donnée quand elles sont contactées par un notaire dont la
cliente souhaite faire un don à la communauté, sous la condition
qu'elle puisse y être accueillie pour ses vieux jours.
Les
travaux commencent le 1er décembre 1930 dans l'ancien pensionnat de
jeunes filles. Ils sont financés par plusieurs dons.
En fin d'année
1931, il y a sept pensionnaires. Le 9 décembre, une statue de
Saint-Joseph, père et protecteur de la pension, est placée
au-dessus de la porte d'entrée, rue de l'hôpital.
Quelques
années plus tard un nouveau conflit mondial se déclare. De nouveau
l'hôpital et ses religieuses se consacrent aux militaires
blessés.
Le 1er septembre 1939, le signal de la mobilisation
est
donné et immédiatement, il faut congédier une bonne partie des
malades pour préparer 70 lits pour des patients de l'hôpital
d'Angers qui doivent laisser la place à un hôpital de Paris.
Un
premier convoi de 77 malades arrive le lendemain. Ils sont
partagés entre l'hôpital, l'hospice des incurables et l'école
libre.
Quinze jours après, l'école est débarrassée pour
mettre des réfugiés et 31 malades sont transférés à l'hôpital.
C'est un labeur écrasant partagé par les religieuses et les
infirmières bénévoles.
Le 24 juillet 1944, il faut encore
accueillir 53 hommes réfugiés venant de l'hospice Sainte-Marie
d'Angers.
Mais le 11 août, quelques voitures de soldats
américains passent rue de l'hôpital. Aussitôt les hospitalières
sortent les drapeaux et les hissent au-dessus de la communauté et
l'hôpital, avec les inscriptions « Bienvenue aux alliés,
Hôtel-Dieu Beaufort - Montréal » (28).
Après la
libération, la France doit se reconstruire et moderniser ses
institutions.
La création de la Sécurité sociale en 1945 va
modifier profondément la gestion de la santé.
|
Le
projet de
maternité
La modernisation des grandes salles
Le départ des sœurs de Saint-Joseph
L'installation d'un centre médico-pédagogique
Le tournage d'une séquence du film de Bertrand Tavernier
"Que la fête commence"
dans la chapelle et le chœur des religieuses
Les grandes salles restructurées
|
Vers
un hôpital moderne
Depuis
le début des années 1940, l'accueil dans les hôpitaux s'élargit
en raison de l'amélioration des techniques médicales, de
l'apparition des assurances sociales et l'accroissement du nombre de
malades solvables. C'en est fini de la Maison-Dieu ou de
l'hôpital-hospice réservé aux indigents.
Tenant compte de la
professionnalisation des huit sœurs hospitalières, la commission
administrative de l'hôpital augmente leur salaire qui passe de 600 à
1000 francs mensuels, au 1er janvier 1944.
De nouveaux besoins
apparaissent. Depuis quelques temps, les hospitalières sont
sollicitées pour recevoir les futures mamans.
Le 1er
novembre
1943, le docteur Colonna d'Istria accouche sa femme à l'hôpital.
Les sœurs ont aménagé pour cela une chambre dans la pension
Saint-Joseph.
D'autres suivent. Les médecins et sages-femmes
réclament des locaux adaptés.
La commission administrative
confie à l'architecte André Mornet l'étude de création de six
lits à l'étage du bâtiment longeant la rue de l'Hôpital.
Le
ministère rejette le projet présenté en octobre 1945, en raison de
son manque d'intérêt.
Il est conseillé au président de la
commission de viser un projet de maternité de quinze lits à
vocation intercommunale, avec salle de chirurgie et centre de
protection maternelle et infantile.
La commission propose des
modifications légères en renommant son projet en maison
d'accouchement. Sans succès, ce projet est abandonné en 1949.
En
attendant mieux, trois chambres sont réservées dans l'aile sud
construite en 1848.
En août 1958, une maternité de douze
lits
est enfin installée avec accès direct à partir de la rue de
Lorraine.
Le 7 janvier 1963, une sage-femme est
embauchée
pour suppléer aux religieuses.
En 1969, il y aura 269
naissances
dans cet établissement.
En 1958, plusieurs
ordonnances
réforment l'organisation hospitalière.
L'hôpital de Beaufort
devient hôpital rural dans la nouvelle classification.
Les
grandes salles des malades ont grand besoin de modernisation. Un
permis de construire est déposé le 6 septembre 1958 pour une
première tranche de travaux. Le dossier a été confié aux architectes
Mornet et Samain.
Dans la grande salle des hommes, dix
boxes à 1,2 ou 4 lits et 4 cabinets de toilette sont créés, pour
23 lits au total.
Le bâtiment ne reçoit que des modifications
intérieures, sauf l'ouverture de baies d'éclairement nouvelles.
Les
travaux qui comprennent l'installation d'un foyer-réfectoire sont
évalués à 18 millions de francs maximum. Ils sont financés pour
partie sur fonds propres par la vente de deux fermes.
Il
semble
-nous n'avons pas trouvé les dossiers correspondants- que des
travaux identiques ont été réalisés dès 1960, pour la grande
salle des femmes.
Puis en 1961, c'est l'aménagement de
chambres
au-dessus des cuisines et de chambres de maison de retraite, à
l'étage de l'aile nord, au-dessus des bureaux d'administration.
Peu
après, la commission administrative fait part au conseil municipal
de son projet de créer un Institut médico-professionnel pour
mineurs débiles mentaux moyens de sexe masculin. La commission
déclare disposer de l'emplacement nécessaire pour un établissement
de 60 lits minimum.
Le conseil municipal donne un avis
favorable
le 1er avril 1963.
L'effectif des religieuses de
St-Joseph
diminue d'année en année. Elles doivent bientôt se résoudre à
abandonner le couvent de Beaufort et les soins à l'hôpital.
Un
accord est trouvé avec les sœurs de Sainte-Marie la Forêt, encore
présentes aux Incurables, de l'autre côté de la rue.
La
supérieure de Sainte-Marie-la-Forêt assure alors le maire de la
présence de huit religieuses globalement sur les deux
établissements.
Les religieuses de Saint-Joseph, après près de
trois siècles de présence, quittent donc Beaufort.
Dès le mois
de mai, elles reçoivent des visiteurs dans leur couvent. Certains
viennent pour acheter des meubles et autres objets qui ne serviront
plus.
En août, elles déménagent et tous les jours des acheteurs se
présentent pour la moindre chose. Les sœurs en sont attristées
mais trouvent cela « beau puisque c'est le
détachement ».
A
l'issue d'une touchante cérémonie d'adieux organisée le 27
septembre 1963, le maire les remercie longuement de leur travail et
de leur dévouement. Il termine « il
me semble que quelque chose se brise dans notre hôpital et que
toujours il y manquera le sourire et la bonne parole de nos
sœurs ».
En
cadeau, les religieuses et la mère Dubois, leur supérieure,
emportent de Beaufort un souvenir durable : un très joli missel, un
crucifix et autres objets religieux.
Les religieuses de
Saint-Joseph laissent derrière elles les sépultures de toutes leurs
sœurs décédées à Beaufort. La dernière est sœur Marie Cailleau
décédée le 15 septembre 1961.
Les sépultures sont regroupées
dans une cave située au-dessous du chœur et accessible à partir de
la cour verte - image ci-contre. Les registres des sépultures depuis le
21 mai 1800
ont été conservés.
Des fosses sont parfois envahies par
l'eau.
Quand le maçon veut y placer le cercueil de la sœur Marie La Ferre,
le 7 mars 1961, il constate qu'il y a 40 centimètres d'eau. Il est
obligé de pomper cette eau. Trois dalles de béton ont été
ensuite posées au-dessus du cercueil préalablement étanché.
Quand les bâtiments de la communauté sont libérés, la
commission administrative décide de les acquérir pour y installer
le centre médico-pédagogique. Le prix de vente est annoncé à
400 000 francs.
Pour le financement, l'hôpital vendra des
propriétés, en particulier 47 hectares de communs sur les communes
de La Ménitré, Mazé, Saint-Mathurin et Les Rosiers.
Le conseil
municipal donne son accord. Le 6 mars 1964 et le 30 juin suivant,
puis le 7 octobre 1966, il garantit les emprunts, à hauteur totale
de 478 056 francs pour financer les travaux d'aménagement.
Le
permis de construire, dont le dossier est préparé par l'architecte
Mornet, pour la création de l'Institut médico-professionnel -IMPro-
dans les anciens bâtiments de la communauté, est accordé le 22
décembre 1966.
La chapelle, les sacristies, le réfectoire et
le
chœur des religieuses restent au dehors de l'occupation de l'IMPro.
Compte tenu de leur grand intérêt patrimonial, la sauvegarde de ces
locaux et des meubles qu'ils contiennent est préservée par une
classement à l'inventaire des monuments historiques, le 16 octobre
1969.
Nous devons aux élèves de l'IMPro d'avoir réalisé en
1977 des travaux de restauration au réfectoire de la communauté.
Dûment encadrés, ils ont remplacé quatre mètres carrés de
panneaux et vingt mètres de moulures. Ils ont repeint murs et
plafonds.
L'ancien couvent des religieuses de Saint-Joseph
acquiert ainsi une certaine notoriété. Un réalisateur de cinéma,
Bertrand Tavernier choisit l'endroit pour y tourner en 1974 une scène
du film « Que la fête commence ». On y voit l'abbé
Dubois, premier ministre du Régent Philippe d'Orléans, apprendre à
dire la messe - clip ci-dessous.
Par la loi du 31 décembre
1970, le
système hospitalier est de nouveau profondément modifié.
L'hôpital
public est maintenu reconnu comme « pivot » du
système
sanitaire français [BON].
La commission administrative est
remplacée par un conseil d'administration dont les compétences sont
partagées avec un directeur devenu le véritable gestionnaire de
l'hôpital.
Le conseil d'administration est composé de neuf
membres. Le président est le maire de Beaufort.
Et l'on parle
maintenant d'humanisation. Le 16 mai 1977, le directeur de l'hôpital
dépose un dossier de permis de construire, préparé par
l'architecte Mornet, pour réaliser des aménagements.
Le projet
prévoit, pour la partie médecine, de supprimer les boxes des
grandes salles, construire un plancher intermédiaire et créer,
avec tout le confort, sur deux niveaux, dix-neuf chambres pour 38
lits. S'y ajoute une chambre d'isolement.
En plus, dix
chambres
individuelles sont aménagées à l'étage de l'aile Est, au-dessus
des cuisines.
Le certificats de conformité des travaux est
accordé le 10 mars 1980.
Ces travaux ont pu être mené à leur
terme après la fermeture de la maternité intervenue dans le courant
de l'année 1979 (?). En 1977, il n'y eût plus que 53
naissances.
Cette modernisation donne satisfaction pour
quelques
années, mais bientôt il faut repenser l'ensemble des services
hospitaliers et compenser le départ des dernières religieuses de
Sainte-Marie-la-Forêt intervenu en août 1979.
|
Le
transfert dans
des installations neuves
La réaffectation des bâtiments
|
Un
nouvel ensemble immobilier
Les
années 1990 voient les installations de l'hôpital quitter les
bâtiments de l'ancien hôtel-Dieu, pour des bâtiments neufs
construits de l'autre côté de la rue de l'hôpital.
Avec la
réforme hospitalière du 31 juillet 1991, les hôpitaux ruraux
deviennent des hôpitaux locaux, établissements publics de santé, à
la croisée du sanitaire et du médico-social.
En 1996, l'IMPro
quitte l'ancien couvent des religieuses de Saint-Joseph.
L'ensemble
des bâtiments situés au sud de la rue de l'hôpital reçoit de
nouvelles affectations.
Les locaux et terrains de l'ancien
hôpital
sont, en partie, remis par bail emphytéotique à l'office
départemental HLM pour y créer des logements sociaux.
Divers
services sociaux sont installés dans les autres bâtiments
disponibles.
Après ce démembrement-remembrement, il reste
quelques locaux réservés par la municipalité. La mémoire de
l'Hôtel-Dieu et du couvent y est conservée aujourd'hui.
Il a
d'abord le noyau constitué de la chapelle, des sacristies, du chœur
et du réfectoire des religieuses. Le classement au titre des
monuments historiques les préserve de toutes décisions non
concertées, mais pas nécessairement de l'oubli.
Il y a aussi,
accolé à ce noyau, par dessous, les sépultures des religieuses,
au moins quatre-vingt huit dont les emplacements sont enregistrés,
depuis sœur Françoise-Aglaé Hilaire en 1842, jusqu'à sœur Marie
Cailleau en 1961.
Enfin, la pharmacie est conservée à son
emplacement, avec son mobilier, bon nombre de pots et ustensiles. La
table et les instruments de chirurgie ainsi que plusieurs autres
objets de valeur y ont trouvé asile, sous haute protection.
Puisse
le présent récit donner l'envie de s'immerger dans ces lieux
chargés d'histoire et de symboles. La municipalité réfléchit à
un projet qui donnerait cette possibilité, à l'instar de sites
similaires (29) ouverts au public.
L'hôtel-Dieu de Beaufort
a
été fondé le 10 mai 1412. Il y aura bientôt 600 ans.
Il reste
un peu de temps, mais tout juste, pour préparer un anniversaire
digne d'une des plus anciennes fondations locales.
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Notes |
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(1)
Pierre de Lamboulaye, originaire de Bretagne, a fait ses études à
Paris et Caen. Il a obtenu ses « lettres de
doctorande »
le 22 mars 1594.
(2) Etienne Lavollé naît le 1er février 1583,
fils de Jean, beau-frère de Jeanne Richard.
(3) Ce sont les
enfants de Jacques Giroust et Marie Gervais, dont Marthe, Madeleine
et Charles.
(4) Jacquine Couscher est fille de Jacques
Couscher,
receveur général du comté de Beaufort, décédé le 16 septembre
1653.
(5) Un sanistat est un établissement d'hébergement en
cas
d'épidémie.
(6) Henri Arnauld est évêque d'Angers de 1650 à
1692. Il a toujours prêté un grande attention au fonctionnement des
communautés religieuses féminines qu'il visitait régulièrement.
(7)
Jérôme le Royer de la Dauversière naît à la Flèche en 1597. Il
est conseiller du Roi, receveur des tailles à l'élection de la
Flèche, fondateur de Ville-Marie ou Montréal.
(8) L'institut
des
religieuses de Saint-Joseph est approuvé comme congrégation
religieuse le 19 novembre 1643, par l'évêque d'Angers.
(9)
Lézine-Scholastique Bérault des Essarts (1633-1702) est alors
première professe à Laval.
(10) Anne de Melun, princesse
d'Epinoy, est née près de Mons, le 2 mars 1619. Elle essaie de
passer incognito, sous le nom de sœur de la Haye.
(11)
Marthe
Giroust, marquise de Bonnevaux, est fille de Jacques Giroust des
Vandellières. En 1636, elle épouse Jean de Bonnevaux, marquis
d'Avoir.
(12) Philippe Le Marié seigneur de l'Epinay est
conseiller du Roi, gouverneur de la ville et château de
Beaufort.
(13) La sébille est un bol en bois servant à
collecter
les aumônes.
(14) Radegonde Vallet naît le 12 janvier 1633.
Elle
est fille de Charles Vallet, procureur du Roi et de Radegonde Ciret.
Son frère Charles devient seigneur d'Avrillé.
(15) Les
courtines
sont ici des rideaux de lit.
(16) C'est probablement Anne Le
Marié qui épouse le 26 octobre 1656 Urbain de Chambes de Méridor,
marquis d'Avoir.
(17) La Société populaire de Beaufort,
filiale
du club des Jacobins, est créée le 23 novembre 1793. Elle est forte
de plus de 150 membres. Les clubs révolutionnaires sont supprimés
par la Convention le 23 août 1795.
(18) Ce sont Jeanne Ciret,
Marie Monoir, Jeanne de Cherbon, Anne Maré, Madeleine Garreau,
Frédérique du Breuil du Bost de Gargilesse, Marie Ropart, Jeanne
Duval, Marguerite Régnier, Marie Janvier, Thérèse Blain, Marie
Lemaître, Marie Cherbon de Chérigny, Marie Houssin, Françoise
Mabille, Anne Lemay, Jeanne Coutillé, Marie Lemay, Jeanne Vallet,
Marie Aubreau, Françoise Pasquier et Renée Aubert.
(19)
Marie-Julie Cigogne.
(20) L'architecte François est
simultanément
chargé de la surveillance de travaux comparables aux
Incurables.
(21) Auguste Bibard, d'une vieille famille
beaufortaise, est auteur d'un projet de théâtre municipal en 1873,
non réalisé.
(22) La clôture est l'espace réservé aux
religieuses « cloitrées » dans un couvent.
(23)
Galerie construite pour relier directement le couvent aux grandes
salles des malades.
(24) Auguste Beignet, né à Beaufort,
réalise
plusieurs chantiers à Beaufort. Il est inspecteur des travaux
diocésains entre 1878 et 1882.
(25) Auguste Chevalier est
maire
de 1896 à 1904. Il fait réaliser le musée qui abrite les
collections de Joseph Denais.
(26) Les religieuses ont inscrit
Montréal pour rappeler à d'éventuels soldats canadiens que leur
congrégation est présente dans leur pays.
(27) En particulier,
l'ancien hôtel-Dieu de Baugé, confié également en son temps aux
religieuses de Saint-Joseph de la La Flèche. Il ne faut pas y
manquer l'apothicairerie.
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Références
Bibliographie
[ANJ]
–
Auteur non précisé, La
médecine et
la chirurgie en
Maine-et-Loire en 1791 – L'Anjou historique juillet 1927
[BON] -
BONNICI, Bernard, L'hôpital,
obligation de soins, contraintes budgétaires
- éd.
La documentation française
[DEN]- DENAIS, Joseph, L'hôpital
de
Beaufort et les religieuses qui le desservent- Editions de
l'Ouest 1932
[LAT] – Collectif, La
santé au
moyen-âge - éd. La
tour Jean Sans Peur 2008
[PEC] –
PECKER, André, La
médecine à Paris
du XIIIe au XXe siècle – Fondation
Singer-Polignac Ed. Hervas 1984
[SIB] - SIBENALER, Jean, Les
hospitalières de
Beaufort-en-vallée - Nuances 2003
Sites
Internet
Les
religieuses hospitalières de Saint-Joseph
Entretiens
Cette fiche a pu être élaborée grâce aux informations et
documents communiqués par:
- les archives départementales, avec le soutien particulier de
Elisabeth Verry, Lydia Dosso, Sandra Varron
- le service départemental de l'inventaire: Thierry Pelloquet et Bruno
Rousseau
- les archives des hospitalières de Saint-Joseph de la Flèche :
sœurs Bertille Beaulieu et Jeanne Blanche
- le service culturel de la communauté de communes de Beaufort-en-Anjou
: François Parain
- la conservation du musée Joseph Denais : Sophie Weygand
- Maine-et-Loire Habitat : Jacky Mingot
sans oublier mes contacts particuliers habituels à Beaufort, notamment
Clément Beaussier, Alain Pasquier et Louis Servins.
Grand merci à tous.
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Date
de mise à jour: 5 décembre 2010
Jean-Marie Schio
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